Le ruisseau, c’est le tout-à-l’égout qui traverse les ruelles populaires du centre des villes jusqu’au milieu du 20ème siècle, où la vitalité de sa population, toujours prête à en découdre avec l’autorité et mue par le besoin irrépressible de lutter pour sa survie, est à l’origine d’une production musicale et littéraire vaste et magnifique. J'ai toujours aimé puiser dans cette fange fertile, et en compagnie de Jean Ferrarini, qui est simplement un musicien-magicien, et autre miracle, qui accepte de jouer avec moi avec une bienveillance qu'on est en droit de souligner -et cela depuis plus de dix ans-, nous avons tiré de ce terreau diverses bonnes graines, d'abord en compagnie de Jean-Jacques Pedretti et de Martin Wizard dans les Kurt Weill and French Kabaret, puis avec les Cantos de Amor y de Odio avec en sus Maria Grand, Sergio Zabala et Massimo Pinca. L'affaire se poursuit avec Sébastien Petitat, un petit gars hors pair qui lance ses odes passionnées sans faire de façons. Avec ces deux-là, c'est clair qu'on peut s'entendre pour faire (re)vivre ces chants du ruisseau avec toute la force incantatoire nécessaire. Colette Grand